Grèves à Mayotte

Publié le par kikous-family.over-blog.fr

Ironie du sort, mon dernier article sur le blog parlait de la nourriture à Mayotte.

La grève à duré une 40 aine de jours, et reconnaissons le elle nous a littéralement affamé. En effet nous nous sommes trouvés dans impossibilité d’acheter quoi que ce soit, tous les commerces étant fermés pendant une bonne partie de cette période.

Rassurés vous, nous en sommes sortis sans domage, et nous en avons tirés quelques leçons.

Entre autre, l'importance en ces temps troublés de se constituer des réserves.

La situation aujourd'hui n'est pas très claire. Beaucoup d'avancées grace aux négociations de Denis Robin , ancien préfet de Mayotte. Un protocole de sortie de grève mis en place avec de nombreuses baisses de prix. Mais l'intersyndicale à refusé de le signer, elle estime ne pas avoir suffisemment de garantie sur les prix. Du coup l'intersyndicale consulte actuellement la population, et la grève risque de redémarrer dès lundi. Ce sont les rumeurs qui circulent.

Nous assistons en ce moment à une nouvelle ruée vers les magasins pour la constitution de stocks alimentaires.

Voici l'historique de cet évènemebnt très peu médiatisé en métropole :

Le mouvement de grève contre la vie chère, responsable de cette situation fatigue la population qui n’en peut plus d’être contrainte à supporter barrages routiers, violences, pillages, magasins fermés de force par des manifestants en colère. Les syndicats à l’initiative des ces mouvements perdent toute crédibilité. En effet les avancées étaient intéressantes pour eux sur 9 produits de première nécessité. Seul un produit pose pb : « la viande », la grande distribution affirme d’emblée qu’il ne lui sera pas possible de baisser les prix sur ce produit. Cet entêtement conduit la population en majorité à rejeter l’action de ces syndicats, seuls quelques fonctionnaires du conseil général avec un droit de grève de 43 jours sans perte de salaire continuent à manifester et à tenir les barrages.

 

greve4

 

greve5

greve6

greve3

greve7


greve2


  Les consignes des manifestants contre la vie chère sont sans appel : "continuons à faire pression sur les grandes surfaces.

Qu'aucun ne parvienne à ouvrir ses portes, ils subiront ainsi de grosses pertes qui les obligeront à baisser leurs prix…".

Une stratégie qui est encore appliquée, à un détail près... Au 16ème jour de la protestation, les ventres eux n'écoutent plus rien. Ils crient famine. Il devient alors urgent de réussir à s'approvisionner.

 

A Mayotte, dix-huit jours après le début de la grève illimitée contre la vie chère. Depuis deux semaines, les commerces sont contraints d'arrêter de fonctionner par peur de représailles des manifestants. Le mouvement continue à fermer les magasins. Les grandes surfaces sont les plus visées.

Mais les doukas, les petites épiceries de proximité, ne sont plus approvisionnées. Les produits de première nécessité ont été vidés des étalages. Se nourrir devient de plus en plus difficile...

 

  greve9

greve8

greve10


Les magasins ouvrent après 20 jours de grève dans la confusion la plus totale , la force policière ne suffit pas toujours à contenir la foule affamée.

 greve12

 

greve11

23ème jour de grève un manifestant meurt suite à la riposte des gendarmes faces au « caillassage ». Un manifestant meurt, cela déclenche une vague de violences et de pillages , résultat 40% de supermarchés détruits ou  pillés.

 

Autre phénomène, s’ajoutant à la situation déjà compliquée, de jeunes adolescents casseurs et déscolarisés, profitent de la situation, pour se confronter à la police et aux gendarmes. Les barrages avec caillassage, sont devenus un jeu. Les gaz lacrymogènes lancés pour disperser ces jeunes, ne font que les disperser pour qu’ils se rassemblent ensuite mieux organisés et plus en colère.

 greve17

greve16

greve13

 

greve15

greve18

greve14

La crise sans précédent qui paralyse depuis le 27 septembre l'ensemble du déjà fragile tissu économique mahorais inquiète au plus haut point. Les dernières estimations font état de plus d'un million d'euros de chiffre d'affaires perdu quotidiennement, et les entreprises annoncent qu'elles ne pourront pas payer l'ensemble des salaires et des cotisations sociales ce mois-ci. Une centaine de TPE, PME et PMI sont déjà à court de trésorerie et estiment à 400 le nombre d'emplois directement menacés de destruction d'ici fin octobre.

 

L'irresponsabilité des syndicats et du conseil général aura conduit au désastre. L'économie mahoraise ne s'en relèvera pas. Les entreprises sont à genoux, et le préfet, malgré toute son ostensible bonne volonté, ne peut que tempérer le message de Paris : il n'y a pas de marge de manœuvre. La première urgence reste de calmer la grogne sociale, et ce quel que soit le prix à payer pour les entreprises locales.

 

Et les enfants dans tout ça ?

Au commencement même de cette marche contre la vie chère, certains enfants avaient déjà une mission, agencée par certains syndicalistes : tenir et avancer avec les banderoles. Très vite leur rôle dans les débordements était de plus en plus perceptible. A Passamainty, des adolescents et jeunes adultes étaient les principaux acteurs des barrages et affrontements avec les forces de l'ordre.

Voilà ce qui se dit dans les discussions avec les ainés mahorais :

"C'est une question de culture. Dans nos coutumes, les enfants sont des serviteurs. Dans notre société, ça ne choquera personne si tu croises un enfant dans la rue et l'envoie accomplir telle ou telle tâche, même acheter des cigarettes. Les petites filles par exemple sont chargées des taches ménagères pour aider les mamans.

Les petits garçons, eux, accomplissent les besognes qui sont destinées aux hommes, comme couper du bois et ramener des fagots", explique un premier homme. "L'enfant qui ne fait pas ce qu'on lui dit est un enfant mal élevé", rajoute un autre homme.

Partant de ce principe peut-on alors conclure que les parents sont responsables de la descente dans les rues de leurs enfants ? "Pas toujours. Des fois les enfants sont justes très têtus, ils n'écoutent rien. Ils se cachent pour aller installer les barrages. C'est comme un jeu. Et plus ils sont nombreux, plus ils sont excités et s'amusent", déclare un autre monsieur.

 

"Mais les enfants ne sont pas dupes. A la maison ils voient la misère dans leurs assiettes. Ils voient que le père ou la mère souffre au jour le jour pour ramener à manger, alors quand ils voient qu'il y a une manifestation contre la vie chère, ils ne peuvent que nous accompagner dans la rue, car le combat d'aujourd'hui est aussi pour l'avenir de demain. Leur propre avenir". Avec les conséquences que l'on constate à Majicavo-Koropa ou encore à Longoni…

 

 

Qui sont vraiment ces jeunes ?, s'interroge-t-on toujours. Il est difficile d'avancer une réponse claire, lorsqu'on sait que le début du mouvement contre vie chère coïncidait avec le début des vacances scolaires.

Autant dire qu'il n'est pas facile de distinguer d'une part ceux qui sont sans activité et qui viendraient manifester leur ras-le-bol et ceux scolarisés d'autre part.

Et que feraient ces jeunes s'ils n'étaient pas là ? Telle est l'interrogation la plus intéressante. Les structures éducatives manquent à l'appel dans l'île, les activités et animations sont au point mort, faute de moyens pour les associations et dans les communes. De nombreux jeunes trainent dans les rues sans rien faire et les effets nuisibles de leur errance sont connus : ils se droguent, volent, violent… Les infractions sont de tous genres. L'avenir de ces jeunes est au goût du jour. Il est temps que Mayotte pense aussi à ses enfants.

 

Voilà un tableau bien noir de la situation à Mayotte, cela est d’ailleurs bien dommage, parce que Mayotte ne mérite pas cela, les intérêts cupides d’une poignée de responsables syndicaux et politiques ont amené Mayotte là ou elle est aujourd’hui.

Dans tout cela nous avons rencontré des difficultés pour aller au travail, pas de courses possibles ou alors dans des créneaux très courts lorsque les magasins étaient ouverts. Pendant toute cette période, les enfants sont allés à l’école 2 jours par semaine. Le raz le bol, chez beaucoup s'installe, qui ont décidé de partir avec femme et enfants, mais nous gardons le moral, nous efforçant de voir les choses de manière positive.

Espérons que les choses s’améliorent rapidement, que tout rentre dans l’ordre, et que nous puissions retrouver la vie agréable que nous avions jusqu'à fin septembre à Mayotte.

 

Publié dans La vie sur place

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article